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 le rite des cendres de shiva

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2 participants
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kinaram
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kinaram


Nombre de messages : 35
Date d'inscription : 29/04/2007

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MessageSujet: le rite des cendres de shiva   le rite des cendres de shiva Icon_minitimeJeu 10 Mai - 12:28

Le rite des cendres de Shiva



« Je suis de ne pas être » Hôte cerf




Le seigneur Shiva est dans la tradition védique, l'un des trois dieux majeurs de la trimurti (trinité). Il représente le pôle destructeur du Brahman (la source originelle), tandis que Vishnu symbolise la conservation et Brahma, la création.

Beaucoup de problèmes dans notre vie naissent de notre certitude quant à la permanence des choses.

Nous pouvons parfois croire en une certaine cyclicité de notre chemin spirituel. Ainsi, nous vivons un cycle éternel de mort et de renaissance. Nous bâtissons un égo sur du sable, à partir d'expériences et de représentations, symboliques, pour les amateurs du genre...Nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux, et quand la fin se fait sentir, car tout ce qui commence a une fin, soit nous nous agrippons sauvagement au passé, soit nous mourrons dans d'atroces souffrances, ce que nous appelons deuil. Un système de valeur me devient obselète, un système cosmogonique me présente ses failles spirituelles, peu importe, un autre fera l'affaire...En vérité, nous n'avons que peu de respect pour notre vie. Nous voulons avoir la main mise dessus, et nous percevons toute mort comme la fin d'un rêve dans lequel nous serions bien restés pour l'éternité, ou d'un cauchemar que nous aurions bien refourgué contre l'illusion d'un bonheur ou d'une réalisation spirituelle.

La voie du tantra utilise cette cyclicité de l'être comme une terre de base. Etant créatures de la manifestation, nous ne pouvons pas y échapper. Le tantra n'oppose pas l'hermite de l'himalaya et le jeune cadre dynamique d'une multinationale. Nous avons tous la même terre de base, la même potentialité, la même nuit obscure en notre esprit, et la même lumière solaire dans notre âme. Nous mourrons tous de la même façon, notre réalisation spirituelle n'y changera rien. Cependant, face à ce constat implacable, la tantrika ne restera pas là les bras croisés. Il peut compter ses chakras sur son corps au lieu de compter les moutons pour mieux dormir, cela ne changera rien. La pratique tantrique n'est pas là. Il peut cependant observer son rythme de vie, observer le fonctionnement de son corps, de son mental, la mort et la naissance perpétuels de ses sanskaras, ou émanations de son égo. Il peut percevoir à quel point il est une somme d'influences extérieures, une vague représentation, une forme mouvante dans un vide substantiel, qui erre dans une existence sans pourquoi...De ce constat, qui est une base magique, il peut décider de s'engager sur le sentier des sadhanas, c'est-à-dire des actions. Il devient un Kriya yogi, un pratiquant de l'action. De ce constat, il peut décider de s'approcher de la réalité telle qu'elle est, il peut arréter de se raconter des histoires. Il devient Jnânin yogi, ou yogi de la connaissance. Et enfin, il peut prendre le pari de laisser libre parole à son expression intime, il peut faire du réel une prière, il peut rétablir le contact entre l'âme et l'esprit, entre la tête et le coeur. Il peut rendre à l'objet sa place véritable, loin de rejeter les illusions de ce bas monde, mais en comprenant à quel point la Maya, est un acte de d'amour de la grande déesse Parvati, adressé à son mari Shiva. Il peut prendre le sentier de la Bhakti, de l'adoration, de la dévotion. Il se mettra ainsi du coté du sadhu magicien, amateur de pouvoirs occultes, qui du jour au lendemain, tomba amoureux de Rama, l'avatar de Vishnou, et partit...

Shiva étant Soi même, tous ces aspects représentent des visages de Sa manifestation. Il est tout ce qui anime le yogi. Ainsi, il est implacable, comme notre réalité quotidienne. Il est le destructeur de nos illusions, ce mouvement que nous connaissons si bien, ce mouvement qui pointe son nez lorsque notre demeure s'écroule. Demeure mentale, demeure du corps. Il est également la source de tous les bienfaits. Etant Un, c'est à dire l'ensemble de ses visages mais également, ce qui n'a pas de visages ; il ne va pas se bander les yeux sur la mort et faire semblant de jouir d'un bonheur illusoire. Il est et la mort et la jouissance. Telle est sa paix et Sa Joie.

Nous avons une perception névrosée de la mort en occident. Depuis des siècles, nous avons opposé les deux mouvements fondamentaux de notre existence: Eros et Thanatos. La confusion est telle que nous en venons à revendiquer le flambeau d'une association, d'une réunion fictive entre mort et vie. Nous décidons au cours d'enterrements de nous habiller en blanc, par respect pour la joie de vivre du défunt. Nous faisons des blagues au cours d'émissions télé, à propos de la mort prématurée d'un chanteur people, faisant ainsi abstraction de l'injustice à l'égard de la mort que nous portons comme un fardeau précieux hérité de notre culture maccabre. Nous faisons semblant. Cette situation n'est pas un absolu, et la condamner, c'est y participer. Bien heureusement, notre vie nous rappelle à la réalité, nous nous cognons, ainsi, les faux-semblant tombent. Ainsi, parfois, quand nous pleurons, nous pleurons, et quand nous rions, nous rions. Ecoutez les histoires de famille d'éclats de rire dans un enterrement, elles sont très parlantes.

En Inde, la mort est perçue comme la libération de l'âme. Elle n'est pas taboo. Benares, la cité de Shiva, connue pour ses crémations au bord du Gange, est une prière quotidienne. Ici, la vie et la mort se rencontrent, à la croisée des rues, à la croisée des regards et des âmes.


Ce que je propose dans ce rite, c'est de transposer la valeur symbolique du rapport à la mort que l'on peut vivre à Benares, dans notre vie quotidienne d'occidentaux. Je ne ferai pas de distinctions entre notre vie intérieure et notre vie extérieure. Le rite est justemment la célébration extérieure de la vie intérieure.

Je vous propose de vivre en commun, avec des amis, une mort ritualisée. Chacun doit mourir à chaque instant, nous avons tous un caput mortum à calciner, nous le faisons souvent seul. Les oiseaux se cachent pour mourir. Nous ne pouvons pas nous faire croire que ce qui doit mourir, une relation, un système de valeur, une vie révolue, etc, ne nous constitue pas, nous est extérieur. Nous sommes ce qui doit mourir. Ainsi, pour aller au devant de cette mort, c'est nous-même que nous devons mettre en jeu, sur le bûcher funéraire. Même si le rite est un rite commun, un partage entre amis, il va de soi qu'il reste personnel. Révéler ses problèmes et attendre qu'un élan commun les résolvent n'est pas l'enjeu de ce rite. Ca n'est pas un cercle d'alcooliques anonymes.

Ce rite peut se monter facilement au cours d'une soirée entre amis dans la nature, au bord d'une plage par exemple. Il est centré autour de la double polarité de Shiva, à savoir son aspect implacable, relié à la mort et à la destruction, et son aspect lumineux et bienfaisant. Son aspect relié à la mort est ici invoqué par le nom de Samshanilaya, le seigneur des crémations. Shiva est entièrement recouvert de cendres, comme nous le rappelle le Shiv Purana:

« On raconte qu'un grand sage s'enorgueillait de réaliser des pénitences difficiles. Il se considérait comme l'homme le plus pieux de l'univers. Shiva décida de lui rendre visite afin de lui donner une bonne leçon. Il prit donc la forme d'un brahman et rencontra le sage.

« Pourquoi es tu si heureux ? » demanda Shiva.
« Ne vois tu donc pas? Mes pénitences m'ont donné succès. Suis-je l'homme le plus pieux du monde? Regarde, mon sang est devenu si pieux, que lorsqu'il se verse, apparaissent des fruits et des feuilles. » affirma le sage.
« Cette vanité détruit tous les fruits de ta pénitence » répliqua Shiva.
« Ton sang s'est juste tranformé en sève. Mais que se passera-t-il si tu brûles tous ces arbres et ces plantes? Seule la cendre est un témoignage d'une haute qualité spirituelle. J'ai moi même enduré tant de pénitences que mon sang s'est transformé en cendre. »

Shiva se coupa alors le majeur de la main, et des cendres jaillirent de celui-ci. Depuis ce jour, les cendres ne quittèrent plus jamais le corps de Shiva. »


Shiv Purana, traduction d'un résumé.

Invoquer cet aspect de Shiva, « Smashananilaye », le seigneur des crémations, nous ramène donc à l'humilité face à la vie, à Nous-même, et à l'impermance de la création, c'est-à-dire notre propre impermanence. Tout finira en cendre. L'aspect bienfaisant de Shiva est également invoqué par le nom de « Bolenath », ou seigneur de la compassion. Nous pouvons donc par Sa grâce, vivre cette mort comme l'expression d'une compassion. Notre présence vitale, loin de partir avec les cendres de nos illusions accumulées, connaîtra ainsi sa pleine expression et sa pleine expansion. C'est par la mort qu'elle se révèle, comme un joyau impossible...


LE RITE EN « LUI MEME »


Le matériel requis est du bois mort ainsi qu'une boîte d'allumette. Des cloches et instruments de musique en tout genre sont également nécessaires. L'été est un bon moment pour le réaliser, hors de nos activités, nous pouvons parfois faire le bilan d'une année. Entre amis, au cours de vacances, il y a donc à la fois l'aspect de fête et également du bilan introspectif. Voici donc la description du rite:

Récolte des cendres et peinture corporelle
Il faut tout d'abord récolter des cendres d'un feu de la veille et les conserver dans un grand bol (voir une bassine ou une marmitte). Le lendemain, le prêtre mettra de l'eau dans le bol de cendres. Il allumera un bâton d'encens et tracera des cercles sur celui-ci en prononçant « om namah shivaya ». Enfin, lorsque le rite commencera, chacun se recouvrira le corps de ces cendres en pensant à sa propre mort (et si je mourrais demain?).

Allumeeeeeeeeeeeer le feu!
Il convient d'allumer théurgiquement un feu entre amis. C'est-à-dire par une concentration et avec un lâcher prise, à allumer un simple feu de bois comme si on alimentait le feu de la vie, l'essence de toute chose, et notre propre bûcher! L'assemblée peut chanter des OM pendant que l'opérant l'allume, afin de sacraliser concrètement l'acte en commun.

Aarti (rituel du soir)
La suite des opérations consiste à former un cercle parfait, assis autour du feu. Le prêtre choisi par l'assemblée s'avancera donc prés du feu avec des bâtons d'encens qu'il allumera avec celui-ci. Au son des cloches et des tambours, il tracera des grands cercles autour du feu dans chaque direction. Il tracera également des cercles autour de chaque membre de l'assemblée.

Ensuite, il prendra une bûche dans le feu et tracera des cercles de feu autour de celui-ci, dans toutes les directions puis autour de l'assemblée. Des danseurs (ou danseuses) de feu pourront également l'accompagner dans ses processions.

Enfin, quand il sentira le moment de s'arrêter, il réclamera le silence et chantera l'invocation à Shiva sur une jambe les mains en prière devant le feu (attention à ne pas se casser la gueule):



"Namah! Parvati!
Hare Hare Mahadeo!
Karpura-gauram karunaa-vataaram,
sansaara-saaram bhuja-gendra-haaram;
sadaa vasantam hridayaara-vinde,
bhavam bhavaani sahitam namaami.
Guru Brahma, Guru Vishnou, Guru deo Maheshvara
Guru saksat Para brahma, Tasmai shri Guruve namah.
Chacun entonnera alors le mantra « Om krim smashananilaye namaha ".
(En choeur 108 fois?)

Puis silence.

Chacun allimentera le feu en silence en visualisant des parties de lui même qu'il jette au feu. Silence mental impératif également. Se rappeler sa mort prochaine si difficultés...

Au bout d'un moment, le prêtre crira de joie « Bam Bolenath! ».

Chacun répondra « Hare Om » et là, la fête commence, la musique peut commencer (bhajan). On peut effectuer une danse naturelle autour du feu, ou aller se baigner entre couples, coucher ensemble, crier, se battre, tout se qui passe par la tête, en faisant bien attention de ne pas souiller le feu de mauvaises pensées. Chacun devra l'alimenter en veillant à le respecter comme le centre de l'univers.

En partant, le prêtre prononcera le « Om shanti shanti ». S'il doit être eteint, il visualisera le feu comme un lingam géant dans lequel il versera l'eau sacrée du Gange. Même s'il pisse dessus bourré.

SHIVOHAM

Voilà pour ce qui est du gros du rite. Amusez vous bien et attention au courroux de Shiva si vous faîtes les cons... Shiva ouakbar!

Pour les prononciations: vous trouverez en format real player, le mantra de Shiva et l'invocation à Shiva à cette adresse: http://www.esamskriti.com/music/shivoham.html

Bolenath se prononce « Bolénate », Hare, « Aré » (roulez le r)
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Nombre de messages : 35
Date d'inscription : 26/04/2007

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MessageSujet: Re: le rite des cendres de shiva   le rite des cendres de shiva Icon_minitimeMar 29 Mai - 2:07

Merci beaucoup kinaram. Philou, mini-coyote et moi-même avons eu beaucoup de joie à partager ce rite avec toi.
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http://www.magick-instinct.org
 
le rite des cendres de shiva
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